KARTE
TÄGLICHE APARTHEID
Définition de l’Apartheid de 1973, votée par l’ONU
Art. 1 qualifie l’apartheid de crime contre l’humanité. La définition juridique de l’apartheid s’applique à toute situation, quel que soit le pays, si les trois éléments suivant coexistent:
- Là où deux groupes raciaux différents peuvent être identifiés, avec un groupe subordonné à l’autre. À noter que «tout groupe identifiable» constitue un groupe racial en droit international.
- Là où des «actes inhumains» sont commis contre le groupe subordonné.
- Là où ces actes sont commis systématiquement dans le cadre d’un régime institutionnalisé de domination d’un groupe sur l’autre. Ainsi c’est le caractère systématique qui permet de faire la distinction entre la pratique de l’apartheid et d’autres formes de discrimination raciale.
SANTÉ
En 2016, l’espérance de vie à la naissance des citoyen·ne·x·s juif·ve·x·s en Israël et en Cisjordanie dépassait de près de neuf ans celle des Palestinien·ne·x·s qui habitent dans les mêmes territoires.
À Gaza, les installations et le personnel médical sont systématiquement visés par les forces armées israéliennes tandis que les coupures d’électricité orchestrées par Israël entravent régulièrement l’activité des hôpitaux.
Les nombreuses incarcérations de jeunes et le stress dû notamment aux raids visant leurs maisons affectent durablement leur santé mentale, rendant difficile une projection dans le futur et une interaction avec les autres.
Les autorités israéliennes privent les habitant·e·x·s de Gaza de tests Covid alors qu’il·elle·s vivent déjà une pénurie chronique de médicaments de base due à plus de dix ans de blocus.
MOBILITÉ
Un·e Palestinien·ne·x ne sait jamais si et quand il·elle arrivera au travail, à l’université, à son rendez-vous médical ou chez des proches, car il·elle risque d’être retenu.e.x plusieurs heures à un checkpoint ou d’être forcé·e·x à faire demi-tour.
En Cisjordanie occupée, Israël met en place deux réseaux routiers: l’un, moderne et rapide, réservé aux citoyen·ne·x·s israélien·ne·x·s et aux colons établis illégalement en Cisjordanie; l’autre, vétuste et tortueux, imposé aux Palestinien·ne·x·s.
Les réfugié·e·x·s palestinien·ne·x·s ne peuvent pas revenir sur leurs terres, alors que toute personne juive de par le monde a le droit de venir s’installer en Israël.
LOGEMENT
En Israël, les «terres d’État», qui représentent 93 % des terres dans les frontières internationalement reconnues du pays ainsi que des terres confisquées en Cisjordanie, sont gérées par des lois qui interdisent leur utilisation par des non-Juif·ve·x·s.
Alors que les Israelien·ne·x·s sont incité·e·x·s et aidé·e·x·s à s’installer sur des colonies illégales en territoire cisjordanien, plus de 15 000 maisons palestiniennes y ont été détruites depuis 1993.
Vieille-ville de Hebron: 74 km², 34 000 Palestinien·ne·x·s, 700 colons israéliens, 2000 soldats israéliens et 21 checkpoints.
TRAVAIL
La Loi du travail israélienne devrait s’appliquer dans les colonies, mais dans les faits elle n’est pas appliquée: 30 000 Palestinien·e·x·s en Cisjordanie n’ont pas d’autres solutions que de travailler dans les colonies et n’ont ni salaire minimum, ni assurance maladie ou accident. Un millier d’enfants de moins de 16 ans travaillent dans l’agriculture pour les colons.
La journée de travail en Israël des 35 000 journalier·e·x·s palestinien·e·x·s est allongée, à l’aller et au retour, de plusieurs heures d’attente aux checkpoints.
L’économie palestinienne est dépendante et prisonnière de l’État israélien qui constitue son principal fournisseur, transitaire et employeur.
JUSTICE ET RÉPRESSION
Fin juin 2020, au moins 357 Palestinien·ne·x·s étaient placé·e·x·s en détention administrative sans procès, sans avoir commis de délit, au motif d’avoir l’intention d’enfreindre la loi. Cette détention est reconductible indéfiniment.
En Cisjordanie occupée, deux populations, deux lois. Les Palestinien·e·x·s sont jugé·e·x·s selon la loi militaire (99,74 % de condamnations); les colons israéliens selon la loi civile (5 % de condamnations).
Entre 2000 et 2018, plus de 12000 enfants palestinien·e·x·s ont connus les geôles israéliennes. Un jet de pierre peut être sanctionné par 20 ans d’emprisonnement.
En Cisjordanie occupée, la politique de l’open-fire policy permet un usage injustifié des armes létales envers les Palestinien·ne·x·s.
Depuis la pandémie de covid-19, toutes les visites de détenu-e-x-s provenant de la bande de Gaza ont été suspendues. Ces prisonnier·e·x·s incarcér-é-x-s par Israël ne voient plus leur famille depuis un an.
AGRICULTURE
Israël contrôle toutes les importations de la bande de Gaza entraînant une insécurité alimentaire. En 2007, elle estimait qu’un·e Palestinien·ne·x de Gaza peut survivre avec 43 % de produits laitiers, 37 % de légumes et 19 % de viande en moins qu’un·e Israélien·ne·x.
L’armée israélienne contrôle l’eau de Cisjordanie occupée, elle en confisque plus de 80 % et revend le reste aux Palestinien·ne·x·s pour quatre fois son prix. Un colon a droit à 300 litres/jour alors qu’un.e Palestinien.ne.x n’a droit qu’à 70 litres/jour
Les nombreuses incarcérations de jeunes et le stress dû notamment aux raids visant leurs maisons affectent durablement leur santé mentale, rendant difficile une projection dans le futur et une interaction avec les autres.
Les usines israéliennes déversent leurs déchets en Cisjordanie occupée, notamment dans la zone agricole de Tulkarem.
Depuis 2001, l’armée israélienne et des colons ont arraché près de 1,5 millions d’oliviers en Cisjordanie occupée, dont 8400 rien qu’en 2020.
ÉDUCATION
Les élèves palestinien·ne·x·s en Israël ne peuvent pas apprendre leur histoire, ni celle de la Nakba, car Israël censure les programmes scolaires et n’autorise que sa version officielle.
Pour aller à l’école, les enfants palestinien·ne·x·s sont forcé·e·x·s de parcourir de grandes distances, risquant la violence des colons. Celles et ceux qui doivent traverser un ou plusieurs checkpoints sont exposé·e·x·s aux humiliations des soldats.
Dans 60 % de la Cisjordanie occupée, Israël n’accorde pas les permis nécessaires à la construction d’écoles: plus d’un tiers des communautés manquent d’école primaire.
Rien qu’en 2013, 123 000 enfants palestinien-ne-x-s ont dû arrêter leur scolarité selon l’Unicef.
CULTURE ET VIE SOCIALE
Les associations de la société civile palestinienne basées à Jérusalem-Est sont obligées de modifier leur nom de sorte à faire disparaître leur identité palestinienne.
Israël détruit de nombreux sites historiques, culturels, artistiques et religieux. Par exemple, le cimetière de Mamilla à Jérusalem, l’un des plus anciens et importants cimetières musulmans, a été détruit pour construire le nouveau Musée de la Tolérance.
Les étudiant·e·x·s des universités palestiniennes sont la cible de raids systématiques sur les campus. Environ 250 étudiant·e·x·s palestinien·ne·x·s sont actuellement en prison, dont 40 de l’Université de Birzeit arrêté·e·x·s durant l’année académique 2019-2020.
Si un Palestinien de moins de 35 ans souhaite se marier avec une Israélienne, ils ne pourront pas vivre en Israël ou à Jérusalem. Il en va de même pour une Palestinienne de moins de 25 ans désirant se marier avec un Israélien.
L’État d’Israël censure les artistes palestinien·ne·x·s. En janvier 2021, un tribunal a interdit la diffusion en Israël et saisi les copies du documentaire Jenin, Jenin, réalisé par le Palestinien Mohammed Bakri dans le camp de réfugiés de Jénine, bombardé et envahi par l’armée israélienne en 2002.
Bien qu’ayant le droit de voter, les citoyen·ne·x·s palestinien·ne·x·s d’Israël ne peuvent pas contester la doctrine et les lois qui visent à établir Israël comme État juif. Une analogie serait un système dans lequel des esclaves auraient le droit de voter, mais pas contre l’esclavage.
FRAGEN UND ANTWORTEN
Avec la campagne Apartheid Free Zone (AFZ), en français Zone libre d’Apartheid israélien, nous soutenons la création d’espaces exempts de racisme et de toute forme de discrimination. Inspirée par la lutte contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud, la campagne veut créer des espaces qui rejettent fermement tout lien avec l’apartheid israélien. Nous voulons empêcher les espaces qui nous sont chers de coopérer avec les entreprises et les institutions qui contribuent à la préservation d’un régime d’apartheid. En signant notre déclaration, les collectifs, les mouvements, les associations, les cafés, les bars, les magasins, les entreprises, les institutions culturelles, les syndicats, les institutions sportives, les coopératives, les centres sociaux, les librairies, les restaurants et autres lieux culturels s’engagent à refuser tout soutien au régime d’apartheid israélien.
La campagne vise à contribuer à la fin du régime d’apartheid israélien. La création d’une zone libre d’apartheid constitue un signal en faveur de l’égalité des droits pour tou-te-x-s les habitant-e-x-s vivant en Israël/Palestine, indépendamment de leur origine ethnique ou religieuse, de leur sexe, genre ou orientation sexuelle.
La pression internationale a soutenu de manière décisive la lutte de la population noire pour l’égalité et a contribué à la chute du régime raciste de l’apartheid sud-africain. Aujourd’hui, les Palestinien-ne-x-s appellent la société civile internationale à faire pression sur l’État d’Israël jusqu’à ce que leurs droits fondamentaux soient reconnus. Être une zone libre d’apartheid israélien n’est pas seulement une déclaration de principe contre le racisme et un acte de solidarité, cela a des effets concrets : rendre visible aux yeux de tou-te-x-s cet apartheid du 21ème et exercer une pression publique sur les institutions et les entreprises pour qu’elles cessent d’être complices du maintien de l’apartheid israélien.
Oui. L’inspiration de notre campagne vient d’Espagne. Depuis 2015, il existe de nombreuses zones libres d’apartheid de différentes tailles – de magasins de bicyclettes à des communautés entières. Des parlements municipaux ont adopté des résolutions excluant les institutions et les entreprises du financement et des marchés publics lorsqu’elles participent aux violations israéliennes des droits de l’homme et du droit international. Des campagnes similaires ont été lancées en Italie, en Belgique, en Norvège, au Portugal et en Grèce.
Le terme apartheid vient d’Afrique du Sud et décrit le système de discrimination raciale qui y existait jusqu’en 1994. La Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid (1973), définit ainsi le crime d’apartheid:
La définition juridique de l’apartheid s’applique à toute situation, quel que soit le pays, si les trois éléments suivant coexistent:
- Là où deux groupes raciaux différents peuvent être identifiés, avec un groupe subordonné à l’autre. À noter que «tout groupe identifiable» constitue un groupe racial en droit international.
- Là où des «actes inhumains» sont commis contre le groupe subordonné.
- Là où ces actes sont commis systématiquement dans le cadre d’un régime institutionnalisé de domination d’un groupe sur l’autre. Ainsi c’est le caractère systématique qui permet de faire la distinction entre la pratique de l’apartheid et d’autres formes de discrimination raciale.
Oui car :
- deux groupes différents peuvent être identifiés, avec un groupe subordonné à l’autre: Israël fait clairement cette distinction entre les personnes de confession juive et les autres (20% de la population). A la différence de tous les autres pays,l’État d’Israël fait une différence entre la citoyenneté et la nationalité. Tou-te-x-s les habitant-e-x-s ont droit à la citoyenneté, mais seules les citoyen-ne-x-s de confession juive peuvent obtenir la nationalité.
- des «actes inhumains» sont commis contre le groupe subordonné: il y a une oppression et une discrimination systématique envers les Palestinien-ne-x-s.
- cette oppression est institutionnalisée: la Nouvelle Loi Fondamentale, votée par le parlement israélien en juillet 2018, fait des citoyen-ne-xs qui ne sont pas de confession juive, des citoyen-ne-xs de second rang.
Un rapport de l’ONU, publié en 2017, a examiné la situation de la population palestinienne sous occupation israélienne et a conclu qu’Israël est coupable du crime d’apartheid (Tilley & Falk)
Non, le Territoire occupé n’est qu’une partie du crime d’apartheid. L’apartheid israélien est fondé sur un système de domination de toute la population palestinienne où qu’elle soit : dans le Territoire palestinien occupé (Cisjordanie, et Gaza), à Jérusalem Est, en Israël-même et à l’étranger où résident 5 millions de réfugié-e-s. Cette division de la population palestinienne, où chaque partie est soumise à des lois discriminatoires différentes, garantit la domination des citoyen-e-s de confession juive sur les autres habitant-e-s.
Le but fondamental de ce système d’apartheid est d’expulser le plus possible de Palestinien-ne-x-s de leurs terres afin d’agrandir la Terre d’Israël (Eretz Israël) de la Méditerranée jusqu’au fleuve Jourdain. Par la confiscation continuelle de leurs terres en Cisjordanie, les Palestinien-ne-x-s sont de plus en plus forcé-e-s d’habiter des villes «bantoustans » et deviennent une main-d’œuvre bon marché et corvéables. Israël construit de plus en plus de colonies illégales sur des terres palestiniennes confisquées afin de pallier à la crise du logement en Israël. Israël encourage également des entreprises israéliennes à s’installer sur ces terres en offrant de multiples avantages fiscaux. L’installation de colonies, d’entreprises et de zones militaires a pour but de pérenniser l’occupation et le nettoyage ethnique. La fragmentation géographique de la Cisjordanie rend précaire la vie économique et sociale palestinienne.
L’apartheid peut prendre des formes différentes. Les combattant-e-x-s sud-africain-e-x-s de l’apartheid faisaient déjà la distinction entre ce que l’on appelle le «petit apartheid» et le «grand apartheid». Le «petit apartheid» ou «apartheid mesquin» est le côté le plus visible de l’apartheid, par exemple la séparation des écoles ou des bus selon la race. Le «grand apartheid» renvoie à l’exclusion raciste sous-jacente d’une partie de la population des processus et des institutions politiques, de l’accès aux ressources et des droits politiques. Une telle discrimination systématique a lieu en Israël.
Bien que les Palestinien-ne-x-s de citoyenneté israélienne puissent voter, leur vote n’a aucune influence sur les processus politiques décisifs, en partie parce que les parlementaires palestinien-ne-x-s sont une minorité isolée. Un rapport d’Amnesty International montre que leurs droits politiques sont systématiquement violés, par exemple en excluant les parlementaires palestinien-ne-x-s élu-e-x-s s’il-elle-x-s ont des opinions que la majorité du parlement n’approuve pas. Ainsi, le «discours démocratique» n’est qu’une farce. Pour changer la Loi Fondamentale de 2018, il faudrait avoir la majorité absolue à la Knesset (parlement israélien). Ainsi les élu-e-x-s palestinien-ne-x-s n’ont aucune possibilité de mettre fin à cette politique d’apartheid.
Non. Dans la Déclaration suisse AFZ, nous prenons clairement position contre toute forme de racisme. La campagne n’est pas dirigée contre des individus et certainement pas contre les Juif-ve-x-s en Israël/Palestine ou ailleurs. La campagne est dirigée contre le régime israélien d’apartheid et contre les entreprises et les institutions qui le soutiennent. La campagne s’oppose farouchement à l’antisémitisme, car l’antisémitisme est une forme de discrimination et doit donc être combattu.